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L'enseignement de l'allemand à Genève? Une aberration à corriger d'ici à 2010
GENEVE. La «sensibilisation» à l'allemand pratiquée à l'école primaire est jugée nulle par les enseignants du secondaire.
Luis Lema
Lundi 27 juin 2005


C'est l'une de ces incohérences qui altèrent l'école genevoise, qui donnent du grain à moudre à ses détracteurs, et contre lesquelles le chef de l'Instruction publique, Charles Beer, a promis de lutter dès la rentrée prochaine.

Voilà près de vingt ans que les élèves genevois étudient l'allemand à l'école primaire. Et voilà vingt ans que, arrivés au secondaire obligatoire, ils recommencent pratiquement tout à zéro. «Tout au plus sont-ils considérés comme des faux débutants lorsqu'ils arrivent au Cycle d'orientation», explique Bernadette Badoud-Volta, en charge du dossier.

Le règne de «l'à-peu-près»

De manière générale, les Genevois n'ont jamais brillé par leurs connaissances d'allemand, même comparativement aux autres Romands. Introduite en 1986, l'idée de «sensibiliser» les élèves à cette langue dès l'âge de 9-10 ans fut donc accueillie comme un pas significatif dans la bonne direction.

La pratique a eu pourtant largement le temps de montrer ses limites: données par des maîtres généralistes qui souvent ne dominaient pas la langue eux-mêmes, les leçons d'allemand dépendaient d'autant plus du bon vouloir des enseignants que, jusqu'à récemment, aucun contrôle des connaissances n'était effectué.

Le système est non seulement une perte de temps et d'argent mais aussi l'origine de difficultés en cascade. Habitués à se mouvoir dans «l'à-peu-près», certains élèves ont un mal fou à s'adapter aux nouvelles exigences au secondaire, admettent les professeurs.

De part et d'autre, les récriminations vont bon train entre les mondes quasi étanches que sont le primaire et le secondaire: «Ils ne travaillent pas sérieusement», accusent les enseignants du Cycle. «Ils ne comprennent pas nos contraintes», rétorquent les maîtres du primaire. Entre deux, désorientés, les élèves finissent de se convaincre que le problème vient d'eux-mêmes: ils sont «nuls en allemand» et le resteront.

De la leçon un à la leçon six

Deux décennies de mise en pratique, c'est plutôt long. Ce système, tout le monde s'accorde à le trouver incohérent mais, faute de vouloir brusquer les uns et les autres, «on l'a laissé se fossiliser», analyse Lucrezia Marti au secteur langue allemande du Département de l'instruction publique.

L'introduction d'une nouvelle méthode d'allemand au Cycle (Genial va remplacer Sowieso) a servi d'occasion. Dès la rentrée, trois établissements du secondaire commenceront le nouveau manuel non pas à la leçon un, mais à la leçon six. «En soi, ce n'est qu'une toute petite révolution ridicule: on saute quelques leçons, sourit Lucrezia Marti. Mais on a pris beaucoup de gants pour la mettre en place.»

Cette perspective de prendre en compte les quatre années d'allemand du primaire a en effet provoqué une levée de boucliers des profs d'allemand du Cycle. Christiane Winter, présidente du groupe d'allemand s'en explique: «Nous n'avons pas la même manière de travailler. Au primaire, c'est plus ludique, plus général. Or nous, nous devons fournir des évaluations des élèves. Cela explique que les positions soient si tranchées.»

Devant ces réticences, on a donc renoncé pour l'instant à l'idée initiale: faire sauter aux élèves les dix premières leçons. De plus, il y aura un mois préalable de «réactivation des connaissances». Au total, les quatre années de primaire se résumeront donc à un gain de six semaines d'apprentissage au secondaire.

Des exigences et des notes

Mais les objectifs restent aussi ambitieux qu'au premier jour: d'ici à 2010, en fin d'exercice, c'est bien l'équivalent d'une année entière qu'il s'agira de gagner. «J'ai les pires craintes, explique Christiane Winter. Nous avons déjà beaucoup de peine à atteindre les objectifs actuels dans certaines classes. Or dans le nouveau système, il faudra aborder beaucoup de connaissances très abstraites, réservées jusqu'ici au niveau du collège (gymnase). Il faudra notamment que les maîtres du primaire travaillent vraiment en conséquence. Qu'ils soient plus au fait de nos attentes.»

Pour le groupe des enseignants d'allemand, ces exigences devront certainement passer par l'apparition de notes d'allemand au primaire. «Au même titre que pour l'enseignement du français, on est obligé de bâtir. Nous ne pouvons pas nous permettre d'hériter d'élèves qui ne maîtrisent pas les bases. Il y aurait trop de déperdition.»

Faut-il donc, parallèlement, «durcir» le programme en primaire? «On ne peut pas attendre des élèves de cet âge qu'ils mémorisent des centaines de mots hors de tout contexte ou qu'ils s'attaquent de front aux règles de grammaire, affirme Lucrezia Marti. Après tout, ce n'est pas comme ça qu'un enfant apprend sa langue maternelle. Pour quelle raison en serait-il autrement avec l'allemand?»

Désormais, la connaissance de l'allemand est devenue un critère déterminant à l'heure de choisir les futurs maîtres d'école. Mais le DIP mise aussi sur les échanges d'élèves et d'enseignants, des deux côtés de la Sarine. «Tisser ce genre de liens est essentiel, ne serait-ce que pour rendre l'apprentissage plus naturel», résume Lucrezia Marti. Des stages qui servent aussi à évaluer combien les Suisses alémaniques continuent de mieux maîtriser le français que les Romands l'allemand. «Les Genevois prennent ainsi la pleine mesure de la différence de niveau. Et croyez-moi, elle est vraiment impressionnante!»

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